mardi 15 juillet 2008

VI - 2. Buddha 1. Nichiren ..




Disposé à l’exploration du Bouddhisme donc, je n’eus pas à chercher longtemps ni bien loin, puisque la mère d’un ami, pratiquante de la Nichiren Shoshu, m’invita à une réunion d’information. C’était étrange et familier parce que c’était une école qui tout en se présentant comme la seule école de Bouddhisme « orthodoxe » (sic ! eh oui !) mettait étrangement l’accent sur la concordance du progrès sur la voie de l’Eveil et de la réussite sociale. J’avais déjà rencontré cela – bien que cela n’ait été déclaré à aucun moment comme « religieux » - dans ce fameux séminaire qui m’avait tiré de mon hibernation psychique ; je n’étais donc pas trop choqué car je savais que l’on pouvait tout de même bénéficier du meilleur au milieu des pires scories d’une expérience et j’étais bien décidé à vivre cette expérience. Quoi qu’il en soit, ce n’est évidemment pas propre à cette école de Bouddhisme puisqu’on retrouve cette attitude aussi bien dans certaines tendances du Judaïsme que du Protestantisme pour ne citer que ce qu’il est convenu d’appeler Monothéisme.

La pratique était - et est, pour ceux qui sont dans cette école - assez simple : il s’agit avant tout, selon l’enseignement du moine japonais du XIII°s. Nichiren, fondateur de cet enseignement, de réciter le mantra « NAM-MYOHO-RENGE-KYO » [qui signifie littéralement : "Je me consacre à (et je vénère) la Loi de Myoho Renge Kyo" ou « Je me consacre à (et je vénère) l’enseignement du Sûtra du Lotus »] et des extraits de ce « Sutra du Lotus de la bonne loi » (Hokkekyô en japonais) le tout étant consigné dans un petit livret.

On récite les textes et les mantras les mains jointes avec un chapelet dans les mains mais qu’on n’égrène pas. Le mantra n’en est pas un dans le sens du Bouddhisme tantrique puisqu’on ne reçoit pas d’initiation ésotérique par un maître (faute de quoi il n’a pas grand effet selon la doctrine tantrique) pour le pratiquer et qu’un effet du style n’est pas attendu comme dans le Vajrayāna de type tibétain par exemple. D’ailleurs Nichiren bien qu’issu de l’école Tien Taï, école ésotérique, a rejeté ensuite tout tantrisme et a passé sa vie à pourfendre toutes les autres écoles bouddhistes pour défendre celle que ses adeptes considèrent comme la seule « orthodoxe ». De même la pratique du mandala n’a été conservée dans son école que sous la forme d’une calligraphie complexe similaire au mandala figuratif du Shingon (école ésotérique japonaise équivalente du tantrisme tibétain) par exemple mais rendu abstrait par la seule écriture.



Le "mandala" de Nichiren


(C'est bizarre ces trois croix tout en haut, non ? -Mais non ! C'est du sanskrito-sino-japonais !)



On peut tout à fait prendre connaissance du contenu de la doctrine et de la pratique à cette adresse : pour ce qui est du cadre dans lequel j’ai pratiqué. Si l’on veut entendre la virtuosité étonnante de Tina Turner (fervente pratiquante de cette école) dans cette pratique on peut regarder cette video de You tube. Cette autre adresse enseigne la doctrine de Nichiren mais se veut indépendante, car il faut dire que la Nichiren Shoshu était articulée à une organisation « culturelle » appelée Soka Gakaï société japonaise avec de nombreuses ramifications internationales pour le moins controversée...

Je m’y suis consacré avec enthousiasme et de tout mon être et cela a été pour moi une découverte d’importance d’expérimenter la puissance du rythme et des vibrations sonores de la récitation de prières à haute voix, corps et esprit unifiés. Je ne me rappelais de mon enfance catholicisante que des choses assez molles et psychologisantes et là une énergie incomparable circulait en soi et en relation avec les autres de façon fascinante, qui donnait une autre dimension à la « prière ». J’ai lu des ouvrages du président Daisaku Ikeda de la Soka Gakaï qui m’ont initié à une vision du monde bouddhiste et j’ai trouvé cela très intéressant.

Cette expérience est restée suffisamment vivante et convaincante en moi (une sorte de vérification par le corps de l’authenticité d’une pratique ) pour que je ne supporte guère que l’on récite les psaumes et les textes liturgiques autrement que selon la tradition orthodoxe, je veux dire pas comme on les récite dans l’église catholique ou protestante moderne avec cette intention permanente de transmettre du sens en interprétant (dans tous les sens du terme) le texte sous prétexte de « méditer » le texte. La récitation orthodoxe, neutre, rythmée, au volume soutenu, sans dramatisation ni jeu théâtral incongru, permet, à celui qui récite comme à son auditeur, d’être entièrement disponible à ce qui ne lui est destiné qu’à lui personnellement par l’Esprit Saint, d’être réceptif aux versets qui ne peuvent le toucher que lui et qu’il peut ainsi entendre sans le filtre déformant d’un intermédiaire bien intentionné. C’est cette pratique qui m’y a ouvert.

Cependant, autant je m’y suis adonné sans restriction quant à la pratique, autant j’ai fui quand j’ai eu affaire avec la structure, l’organisation, et quand surpris de ne pouvoir ni me rendre librement au temple que je n’ai pu même approcher, ni pratiquer avec qui je désirais, quand j’en avais l’opportunité sans le consentement des responsables hiérarchiques de l’organisation, j’ai commencé à avoir des doutes, ai fait des recherches et ai lu des articles divers en quantité suffisante, pour me faire penser que cette école, si sectaire d’ailleurs avec ses prétentions à la seule orthodoxie, pouvait l’être aussi quant à son encadrement. Il m’est apparu également que l’on illusionnait des personnes en difficulté sociale en leur faisant croire que leur avancement dans la hiérarchie de ce qui ressemblait plutôt à une secte, au mauvais sens du terme, montrait les bienfaits de la pratique, et confirmait une rupture de leur mauvais karma d’origine, donc leur avancement dans la Voie. Il a suffi que l’on me suggère ici et là que tout cela avait quelque accointance avec des milieux politiques plutôt éloignés de l’idéal de détachement du bouddhisme pour que je quitte tout cela définitivement. Je n’ai jamais été fait pour les sectes, ni pour les clubs fermés d’ailleurs.
C’est alors que j’ai fait l’acquisition d’un livre qui m’a montré qu’il n’y avait pas moins de douze « sectes » ou écoles de bouddhisme rien qu’au Japon (Kusha, Jojitsu, Ritsu, Hosso, Sanron, Kegon, Tendaï, Shingon, Zen, Nichiren, Jodo, Shin) et j’ai continué mon chemin…


"Nichiren sauvant ses disciples de la tempête"...

(Cela ne vous rappelle rien ? Bizarre, bizarre...)

1 commentaire:

dlococo a dit…

Bonjour cher monsieur,
Sans vouloir vous juger, je me permets de vous dire qu'il n'est pas juste d'être malhonnête. Vous dites que "vous ne pouviez vous rendre au temple quand vous voudriez". Mais de quels temples parlez-vous? La Soka Gakkai n'en possède pas, du moins pas en France. Les centres de réunions sont animés par des bénévoles qui rentrent chez eux comme tout le monde. Il n'y a pas de permanence. Dans les centres importants, on a institué des journées ouvertes à tous, pratiquants ou non.
En second lieu, vous prétendez qu'il fallait une autorisation pour pratiquer avec quelqu'un d'autre. archi faux, depuis 15 ans que je pratique, je n'ai jamais entendu parler de cela.
Je pratique avec qui je veux.
Enfin, vous traitez Nichiren de pourfendeur des autres écoles bouddhistes du japon. Si vous aviez pris la peine d'étudier son oeuvre, vous auriez sans doute compris le travail de clarification qu'il a effectué dans un monde bouddhiste en pleine confusion, suite à l'accumulation des interprétations erronées. Il a demandé de revenir à la Loi enseignée par le Bouddha, en respectant ses volontés laissées dans le Sutra du Lotus. En ce sens, c'est un réformateur.
Je vous respecte profondément!